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Vous avez lu "Armeville" ?

Nombre de communes sont rebaptisées pendant la révolution. L’objectif était de supprimer les noms d’origine religieuse ou évoquant l’ancien régime.

Parmi ces changements, Saint-Etienne est renommé Armeville. La commune est le premier producteur d’armes en France notamment avec la célèbre Manufacture d’Armes. Ce changement apparaît dans le registre des naissances le 23 octobre 1793.

Dans le registre, il n’y a pas de mention particulière pour faire état de ce changement. Le 21 octobre, l’officier d’état civil écrit encore "Saint-Etienne dans de département de Rhône Loire". Dans l’acte suivant daté du 23, il écrit "dans la commune de la ville d’Armeville département de Loire". Le nom varie au fil du temps, on parle aussi de "commune d’Armes".

Le nom de Saint-Etienne fait son retour dans le registre dès le mois de Germinal de l’an III (mars/avril 1795).

D’après la liste établie par Roger de Figuères en 1901, 22 autres communes du département avaient changé de nom.

Côte : 3NUMEC1/3E219_65 - vue 80 - registre de Saint-Etienne des Naissances, Mariages, Décès.


Manufrance, fer de lance industriel

Plusieurs générations de Stéphannois se sont succédés dans ses ateliers. Ils ont comptés jusqu’à plus de 4000 ouvriers.

La Manufacture d’Armes et Cycles de Saint-Etienne ou Manufrance depuis les années 60, fut une entreprise emblématique de la région. Fondée en 1885 par Etienne Mimard et Pierre Blachon, l’entreprise modeste à ses débuts se développe rapidement notamment grà¢ce à son célèbre "tarif-album" imprimé à des milliers d’exemplaire.

La manufacture a édité de nombreuses cartes postales. Elles faisaient partie de la relation avec les clients. En effet, après une commande, le client était informé par une carte postale du délai de livraison.

Modernité, innovation, rationalisation et communication caractérise l’entreprise jusqu’à la mort d’Etienne Mimard en 1944. La sortie de la guerre commence à fragiliser la manufacture. Son déclin se terminera en 1985 avec la liquidation de l’entreprise.


Peutingeriana tabula itineraria

ou plus simplement la table de Peutinger.

Cette carte porte le nom de Konrad Peutinger, un penseur allemand du 16e siècle qui entra en possession de cette carte grâce à son archiviste. C’est une reproduction réalisée au 13e siècle d’une carte romaine constituée de 11 parchemins formant un ensemble de plus de 6m de long. Elle décrit le monde connu à la fin de l’Antiquité. Elle est considérée comme l’une des premières cartes routières : des distances en chiffres romains sont notés sur certains tronçons.

Plusieurs villes de la région sont représentées sur le deuxième parchemin :

  • Foro Segustavaru connu habituellement sous le nom de Forum Segusiavorum, Feurs.
  • Aqui Calidis, aujourd’hui appelé Vichy.
  • Aquis Segete précisément Aquae Segetae, actuellement Moingt.
  • Rodomna, Roanne
  • Lugduno caput Gallias (Lugdunum, caput Galliae) ; aujourd’hui Lyon, capitale des Gaules.

On peut supposer que l’expression « usq hic legas » « lieues jusqu’ici » indique l’unité de distance pour interpréter les chiffres romains inscrits le long des itinéraires.

Les [http://www.euratlas.net/cartogra/peutinger/index_fr.html parchemins] sont conservés à la bibliothèque nationale Autrichienne dans le département des manuscrits, autographes et fonds d’archives sous la cote 324.

La table de Peutinger est inscrite dans [http://portal.unesco.org/ci/fr//ev.php-URL_ID=22627&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html le registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO] depuis 2007.


Ségusiaves ?

Les Ségusiaves est un peuple de Gaule qui vivait dans l’actuel Forez. Ils sont évoqués, pour la première fois, par Jules César en 52 avant JC dans le livre VII de la célèbre Guerre des Gaules (De Bello Gallico). Au deuxième siècle de notre ère, le géographe Ptolémée précise les coordonnées des deux villes principales des Ségusiaves.

Il s’agit de Feurs (Forum Segusiavorum) et Roanne (Rodumna).

Extrait du livre VII de la Guerre des Gaules[1]

Plans de Vercingétorix
Il exige des otages des autres nations, fixe le jour où ils lui seront livrés, ordonne la prompte réunion de toute la cavalerie, forte de quinze mille hommes ; et annonce "qu’il se contente de l’infanterie qu’il a déjà ; qu’il ne veut pas tenter le sort des armes en bataille rangée ; qu’avec une cavalerie nombreuse il lui sera très facile de couper les vivres aux Romains et de gêner leurs fourrageurs ; que seulement les Gaulois se résignent à détruire leurs récoltes et à incendier leurs demeures, et ne voient dans ces pertes domestiques que le moyen de recouvrer à jamais leur indépendance et leur liberté." Les choses ainsi réglées, il ordonne aux Héduens et aux Ségusiaves, limitrophes de la province, de lever dix mille fantassins ; il y ajoute huit cents cavaliers. Il confie le commandement de ces troupes au frère d’Eporédorix, et lui dit de porter la guerre chez les Allobroges. D’un autre côté, il envoie les Gabales et les plus proches cantons des Arvernes, ravager le territoire des Helviens, ainsi que les Rutènes et les Cadurques celui des Volques Arécomiques. En même temps, et par des messages secrets, il sollicite les Allobroges, espérant que les ressentiments de la dernière guerre n’y étaient pas encore éteints. Il promet aux chefs de l’argent, et à la nation la souveraineté de toute la province.

  1. http://fr.wikisource.org/wiki/La_Guerre_des_Gaules Traduit par Désiré Nisard - 1865

Victor de Laprade

Plaque rue victor de laprade feurs
Pierre Martin Victor Richard de Laprade dit "Victor de Laprade" est un poète né le 13 janvier 1812 à Montbrison(1). Il publia de nombreux recueils de poèmes dont Les Parfums de Madeleine, Psyché ou encore Pernette. Il fut professeur à la Faculté des Lettres de Lyon. En 1846, Victor de Laprade fut décoré de la légion d’honneur. Elu à l’académie Française le 11 février 1858, il occupa le fauteuil d’Alfred de Musset jusqu’à sa destitution pour des raisons politiques en 1861. De 1871 à 1873, il fut député du Rhône. Il mourut à Lyon le 13 décembre 1883(2).

Extraits de la dédicace "Au pays de Forez" des "Idylles héroïques" publié en 1858, l’année de son entrée sous la coupole(3) :

Cher pays de Forez, je te dois une offrande !
Terre où, dans mon berceau, les chênes m’ont parlé,
Ta sève et ton murmure en ma veine ont coulé ;
Il faut qu’un cri d’amour, aujourd’hui, te les rende.
(...)

Un sang paisible et fort, pur de tous vils penchants,
Est transmis à tes fils, chaste et verte contrée
Où d’Urfé promenait les bergers de l’Astrée,
Et dont la ville encor garde les mœurs des champs !
(...)

Que tout, ruches et nids, fourmille en ce beau lieu ;
Que la vie en sa fleur fête ma sépulture,
Pour que mon âme, encore, entende au sein de Dieu
Tes voix que j’essayai de traduire, ô Nature !

Acte de naissance de Victor de Laprade(1)

L’an mil huit cent douze et le treize janvier par devant nous maire de Montbrison, officier de l’état civil de la dite ville est comparu Monsieur Jacques Richard de Laprade docteur médecin demeurant à Montbrison et lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin né ce matin à deux heures de lui déclarant et de dame marie victoire Chavassieu son épouse et auquel il a déclaré donner les prénoms de Pierre Martin Victor. les dites déclarations et présentation faites en présence du présent dominique Richard de Laprade avoué ... âgé de trente quatre ans et de benoit ... ... âgé de vingt cinq ans demeurants tous à Montbrison et ont signé avec nous le père de l’enfant et les témoins le présent acte après lecteur faite.

Sources :
(1) son acte de naissance est disponible en ligne sur le site des Archives départementales de la Loire, 3NUMEC2/3E148_0171812 vues 3 et 4.
(2) acte de décès aux archives de Lyon, 2e arrondissement, côte 2E803 vue 166.
(3) Idylles héroïques, sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5470309n/f61.image
(4) [http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=8628 base des députés depuis 1789]

Bibliographie :
Les Symphonies, Idylles Héroïques, aux éditions Nabu Press, ISBN-10 : 1142744388

Vous avez lu l'histoire de Louis Mandrin...

"Comment il vécut
Comment il est mort
ça vous a plus hein
Vous en demandez encore... "(1)

Le contrebandier Louis Mandrin n’est pas né dans la Loire mais il a laissé une trace dans l’histoire en passant seulement quelques jours dans le département. Au cours de ces campagnes, en 1754, il se rendit plusieurs fois dans la Loire : à Montbrison, Roanne, Saint-Bonnet-le-Chateau, Charlieu, Saint-Chamond, Boën...

Mandrin et ses contrebandiers ont marqué leur époque. Imaginez une centaine de cavaliers armés qui entre dans un village ou une ville... En s’attaquant aux Fermiers Généraux, ils se sont attirés la sympathie de l’opinion. L’impact de leur passage est tel que l’annonce du supplice et de la mort de Mandrin est fait par voie d’affichage.

C’est ainsi que le registre de Saint-Médard-en-Forez contient une chanson à la gloire de Mandrin. En voici la transcription :

Brave Mandrin !
Que ne fais-tu rendre bon compte,
Brave Mandrin !
A tous les maltotiers de vin,
De sel, de tabac, qu’ils n’ont honte
De voler pauvre, riche et comte.

Brave Mandrin !

Quelle nation Quelle nation
Quelle nation
But jamais fait de connoissance,
Quelle nation,
Avec gens fait de tel façon !
Qui sans étude ni science
A parcouru toute la France

Sans émotion,

Passant partout.
Dans les villes, à la campagne
Passant partout
Sans craindre Morlière du tout.
Ta troupe et toy as l’avantage
De faire un païs de cocagne
Passant partout.

Source : archives départementales de la Loire - Côte : 3NUMRP7/1MIEC265X1 - Baptêmes, Mariages, Sépultures. - de 1750 à 1755 à la vue 64

Pour en savoir plus sur Louis Mandrin, son parcours et son héritage, consulter le site mandrin.org. La chanson à la Gloire de Mandrin y compte un couplet supplémentaire. Plusieurs ouvrages sont disponibles sur Gallica dont le testament politique de Louis Mandrin.

Pour terminer en chanson, Yves Montand a interprété la complainte de Mandrin en 1963 dans l’album "Chansons populaires de France". Une version de ce morceau est disponible sur YouTube. A redécouvrir...

(1) petit hommage à Serge Gainsbourg.


en 1607, Honoré d'Urfé décrit le Forez

Extrait de l’Astrée, première partie, livre premier

Auprès de l’ancienne ville de Lyon, du côté du soleil couchant, il y a un pays nommé Forez, qui, en sa petitesse, contient ce qui est plus rare au reste des Gaules, car, étant divisé en plaines et montagnes, les unes et les autres sont si fertiles, et situées en un air si tempéré que la terre que la terre y est capable de tout ce que peut désirer le laboureur.

Au coeur du pays est le plus beau de la plaine, ceinte, comme d’une forte muraille, des monts assez voisins et arrosée du fleuve de la Loire, qui, prenant sa source assez près de là, passe presque par le milieu, non point encore trop enflé ni orgueilleux, mais doux et paisible. Plusieurs autres ruisseaux en divers lieux la vont baignant de leurs claires ondes, mais l’un des plus beaux est Lignon, qui, vagabond en son cours, aussi bien que douteux en sa source, va serpentant par cette plaine depuis les hautes montagnes de Cervières et de Chalmazel, jusqu’à Feurs, où Loire le recevant, et lui faisant perdre son nom propre, l’emporte pour tribut à l’Océan.

L’Astrée est disponible dans la collection folio classique (n°1523). Edition et choix de Jean Lafond


Le chemin de fer

Le département de la Loire voit la création de la première ligne de chemin de fer du continent Européen le 30 juin 1827. Elle relie Saint-Etienne à Andrézieux.

Sa concession est accordée en février 1823 par une ordonnance Royale signée par Louis XVIII. L’objectif est de transporter la houille issue des mines de Saint-Etienne vers le port d’Andrézieux sur le rivage de la Loire. Le charbon est ensuite embarqué sur des bateaux à destination de l’ouest de la France. La ligne mesure 20,423 kilomètres, il n’y a qu’une seule voie avec des garages pour permettre des croisements. Les travaux se sont déroulés de 1825 à 1827 sous la direction de l’ingénieur Beaunier. L’écartement des rails est de 1,45 mètre (c’est la valeur utilisée par Georges Stephenson au Royaume-Uni) ; initialement en fonte, ils seront remplacés par des rails en fer en 1837. Les chariots sont mûs par des chevaux en montée, la gravité est utilisée dans la descente. Un cheval peut tracter 4 chariots, cela représente environ 8 tonnes de minerai.

En 1829, 80 000 tonnes ont transité sur la ligne. Le transport de voyageurs débute le 1er mars 1832.

Le 27 mars 1826, une concession pour une nouvelle ligne est attribuée aux frères Seguin. Il s’agit de la ligne Saint-Etienne - Lyon, longue de 58 kilomètres. Sa conception est différente de la première ligne : on privilégie des pentes douces et des virages larges d’une part pour améliorer la sécurité ; sur la ligne d’Andrezieux, de nombreux accidents se produisent, les chariots ont tendance à dérailler (Stendhal évoquera les accidents dans "Mémoire d’un touriste" publié en 1838) ; et pour utiliser au maximum la gravité sur le parcours, d’autre part. La ligne est mise en service le 3 avril 1832.

En parallèle, les frères Seguin travaillent sur les locomotives en améliorant celles de George Stephenson. A la pointe de la technologie, ils déposent un brevet le 11 février 1828 définissant le système de chaudière tubulaire. Cela permet de réduire le poids des machines de 9,5 à 6 tonnes tout en augmentant leur puissance. Un autre brevet perfectionnant le procédé est déposé l’année suivante.

La ligne Andrézieux-Roanne est mise progressivement en service de 1832 à 1833. Elle mesure 77 kilomètres de long.

En 1843, la ligne Roanne-Lyon est mise en service via Andrézieux et Saint-Etienne.

La première locomotive entra à Saint-Etienne en août 1844. Le dénivelé de la voix à Rive-de-Gier et le manque de puissance avait empêché leur arrivée jusque là . Elle remplace ainsi définitivement la traction par chevaux.

Le nombre de voyageurs montre le succès de ce nouveau moyen de transport : 171 000 voyageurs en 1834, 578 000 en 1844.

Aujourd’hui, la ligne Saint-Etienne - Lyon est toujours utilisée. Des TER, des trains de marchandises, et des TGV l’emprunte quotidiennement. Ainsi, Saint-Etienne est à 2h47 de Paris.

Pour en savoir plus :

  • [http://arforez.free.fr/ les amis du rail du Forez]
  • [http://vieux.saint.etienne.club.fr/chemindefer/expo200A.htm#haut "Saint-Etienne, naissance du réseau européen de chemin de fer ?"] - exposition du musée du vieux Saint-Etienne en 2000
  • [http://www.laviedurail.com/culturerail/histoire/panorama/pan_origine.php?SID=20040325122833261C57A0 la vie du rail]


Charles-Joseph Beauverie

Charles-Joseph Beauverie s’installe dans le Forez en 1888, près de Feurs, dans la commune de Poncins. Il va y peindre de nombreuses toiles en s’inspirant des paysages de la région.

Charles-Joseph est né le 17 septembre 1839 à Lyon (*). Son père Antoine était charpentier à Lyon. Il est élève à l’école des Beaux Arts de Lyon où il est formé à la gravure. Il part ensuite à Paris dans l’atelier de Charles Gleyre. Dans les années 1870, il séjourne à Auvers-sur-Oise, il y rencontre le Docteur Paul Gachet et le peintre Charles-François Daubigny de l’école Barbizon.

(*) Son acte de naissance est disponible en ligne sur le site des archives municipales de Lyon : Lyon mairie unique, côte 2E340, vue 187, acte 4213.

Où retrouver ses oeuvres ?

  • au musée d’Assier à Feurs avec notamment "La foire aux cerises à Poncins" de 1885 ou "L’Oise à Auvers-sur-Oise à la fin mai", 1874-1880
  • au musée des Beaux-Arts de Lyon, une peinture à l’huile : "Ramiers sur le Lignon"

Il meurt à Poncins le 5 mars 1923.


Le pont d'Andrézieux

Loire, fleuve sauvage ! Le plus long fleuve de France traverse du nord au sud le département. Il reste indompté : de nombreuses crues ont laissées leur marque dans l’histoire ou le paysage.

C’est le cas, par exemple, du pont routier suspendu d’Andrézieux. Ce pont a été construit en 1831 sur décision du conseil général. Il est situé sur la route royale allant de Montbrison à St Etienne (Montbrison est la préfecture du département à cette époque). Avant sa construction, la traversée du fleuve se faisait en bac. A cette période, en pleine révolution industrielle, le département de la Loire est à la pointe de l’innovation, notamment avec le construction de la première ligne de chemin de fer en Europe continentale. Le pont d’Andrézieux sera donc un pont suspendu, type de construction très à la mode.

Lors de la crue d’octobre 1907, le niveau d’eau atteint des records. Le fleuve a créé des dégâts tout au long de son parcours : Saint-Just-Saint-Rambert, Andrézieux, Vauchette, Rivas, Feurs, Epercieux, Balbigny, Roanne payent un lourd tribu matériel et humain. Dans la nuit du 19 au 20 octobre, la crue a eu raison du pont suspendu.

C’est seulement trois ans plus tard qu’un nouveau pont est reconstruit. Ce pont est toujours en service aujourd’hui.


Après le stéphanois, le stéphanien..

Le Stéphanien représente la fin du Carbonifère (ère primaire). Le bassin houiller de Saint-Etienne est devenu un stratotype : une référence internationale pour une période de l’histoire de la Terre. Le terme Stéphanien a été utilisé pour la première fois par Karl Mayer-Eymar, en 1878.


Le plus ancien de France

Le registre paroissial du village de Montarcher tenu par l’abbé Ferrier liste les baptêmes, les mariages et les sépultures depuis 1469. Il s’agit du registre BMS le plus ancien de France.
Il est disponible en ligne sur le site des archives départementales à la côte : 3NUMRP1/1MIEC147X01.


le barrage du Chartrain

Le barrage du Chartrain, appelé aussi le barrage de la Tache, est installé sur le territoire de la commune de Renaison à une quinzaine de kilomètres de Roanne. Il alimente en eau potable la région Roannaise.

Ce barrage est construit de 1888 à 1891. Il est réalisé en pierre de taille avec un style néo-gothique. C’est un barrage-poids avec un profil triangulaire, classique pour ce genre d’ouvrage(1). Il est mis en eau en 1892, il est alimenté par le ruisseau La Tache.

La carte postale liste les caractéristiques du barrage :

  • capacité : 4,5 millions de mètres cubes
  • surface : 21 hectares, 1 are et 36 centiares
  • débit : 11 000 mètres cubes par jour
  • longueur du mur : 221 mètres
  • rayon de l’arc : 400 mètres
  • épaisseur du mur à la base : 47,5 mètres
  • épaisseur au sommet : 4 mètres
  • hauteur : 51,17 mètres
  • altitude : 491,17 mètres

En consultant, les registres des décès de la commune de Renaison(2), il semble qu’il y ait eu deux morts pendant la construction du barrage. Tout deux étaient maçons et originaires de la Creuse.

(1) source : Les barrages : conception et maintenance, de Patrick Le Delliou, chapitre 2.4, figure 4.11 (ISBN-10 : 2729707174)
(2) archives départementales de la Loire : 3NUMEC2/3E183_14 vue 116 & 3NUMEC3/3E183_14 vue 56


O rives de Lignon ! ô plaines de Forez !

O rives de Lignon ! ô plaines de Forez !
Lieux consacrés aux amours les plus tendres,
Montbrison, Marcilli, noms toujours pleins d’attraits,
Que n’êtes-vous peuplés d’Hylas et de Silvandres !

Extrait des Poésies Pastorales, Alcandre, première églogue de Bernard Le Bouyier de Fontenelle (né à Rouen le 11 février 1657, mort à Paris le 9 janvier 1757), élu en 1691 à l’académie Française et membre de l’académie des sciences.

Confession de Jean-Jacques Rousseau

Dans ses confessions, Jean-Jacques Rousseau comte son passage par le Forez. Cet ouvrage a été intégralement publié en 1782 après sa mort.
L’action se déroule dans les années 1730. Voici l’extrait :

Je me rappelle seulement encore qu’en approchant de Lyon, je fus tenté de prolonger ma route pour aller voir les bords du Lignon ; car parmi les romans que j’avais lus avec mon père, l’Astrée n’avait pas été oubliée, et c’était celui qui me revenait au coeur le plus fréquemment. Je demandai la route du Forez et tout en causant avec une hôtesse, elle m’apprit que c’était un bon pays de ressource pour les ouvriers, qu’il y avait beaucoup de forges et qu’on y travaillait fort bien en fer. Cet éloge calma tout à coup ma curiosité romanesque et je ne jugeai pas à propos d’aller chercher des Dianes(*) et des Sylvandres chez un peuple de forgerons. La bonne femme qui m’encourageait de la sorte m’avait sûrement pris pour un garçon serrurier.

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb36427425f pages 447 et 448.

(*) Diane et Sylvandre sont des personnages secondaires de l’Astrée, le roman d’Honoré d’Urfé.

Stendhal, en passant par la Loire

Stendhal a visité de nombreuses villes Française, de Fontainebleau à Avignon en passant par Beaune et bien sûr par le département de la Loire. Dans le premier tome de cet ouvrage, il évoque les villes des Saint-Etienne, Montbrison et Roanne.

A travers le voyage d’un marchand de fer de fiction, il livre ses impressions et des anecdotes.

Mémoires d’un touriste par Stendhal (1783-1842) publié en 1838

Lyon, le 1er juin 1837.

Je suis allé à Saint-Etienne par le chemin de fer (1) ; mais en vérité je ne puis dire autre chose de cette ville, sinon que j’ai vendu deux mille cinq cents francs payables en marchandises une créance de quatre mille que je croyais absolument sans valeur.

On vendait les effets d’un pauvre homme qui a fait banqueroute (chose fréquente en 1837, c’est le contre-coup de l’abus des billets de banque en Amérique). J’ai acheté une fort bonne carte des montagnes de France. Système de M. de Gasparin.

Par bonheur, j’ai rencontré à Saint-Etienne un de mes camarades des colonies ; il est sur le point d’épouser, à Paris, la fille d’un riche d..... , qui lui apporte en dot une fort belle place à Melun ou à Beauvais ; mais il faut colorer ce brillant avancement par une espèce d’apprentissage, et on l’a envoyé avant le mariage passer six mois à Saint-Etienne.

Cette ville, me dit-il. offre sans doute une collection de gens vertueux, de bons citoyens, d’excellents pères de famille, et surtout des négocians fort actifs ; mais au milieu de tant de perfections, j’ai failli être déshonoré pour deux actions graves : j’ai porté des gants jaunes, et une fois, à la promenade, j’avais une rose à ma boutonnière. A la suite de ces deux écarts je m’aperçus d’un refroidissement singulier dans les amitiés que j’avais inspirées.

Pour tout divertissement dans la ville il y a un cercle ; mais il ferme à huit heures, et à neuf tout le monde est couché. Ou n’aime point, dans la société de Saint-Etienne, les hommes non mariés ; et, pour être toléré, j’ai dû donner des détails sur mon compte et annoncer mon prochain établissement.

Eh bien ! mon ami, ai-je répondu, c’est tout simplement une ville anglaise. Dieu nous préserve de devenir plus industriels que nous ne le sommes. Le commerce nous conduirait aux momeries de Genève, puis aux Renewals et au fanatisme de Philadelphie. Le Français est excessif en tout. Si d’Aubigné et le duc de Rohan l’eussent emporté sous Henri IV et Louis XIII, nous devenions des fanatiques. Pour une pauvre femme qui s’ennuie en l’absence de son mari, ne vaut-il pas mieux aller au sermon que n’aller nulle part, et avoir peur de l’enfer que de faire nicher des canaris ?

Nous comprenons qu’à Saint-Etienne on est terriblement jaloux d’une pauvre petite ville, Montbrison, je crois, qui a le préfet, le général, et les autres belles choses qu’entraîne la qualité de capitale du département. Saint-Etienne, qui n’avait que vingt-quatre mille habitants en 1804, en compte trente-quatre mille aujourd’hui, et bientôt arrivera à cinquante ; c’est en ce genre la rivale du Havre. Saint-Etienne a été créé par la houille, qu’elle transforme en armes, en eustaches et en rubans de soie. Les rues sont larges et noires comme en Angleterre. Un torrent magnifique, nommé Furens (le furieux), traverse la ville, et fait mouvoir cent usines.

Il faudrait, au milieu de la grande rue de Roanne, une belle statue de bronze à laquelle on donnerait le nom de quelque industriel héroïque s’il y en a, ou du brave Etienne, le tambour d’Arcole. Ce serait une belle chose qu’une statue héroïque élevée à un simple tambour ; elle parlerait au peuple (2). Cette statue ferait mieux si elle était nue, ou en costume héroïque ; car ici l’imagination est étouffée par la réalité, et quelle réalité ! Les Génois, les Florentins, les Vénitiens, négociants aussi, faisaient peindre à fresque le devant de leurs maisons. Voir encore aujourd’hui la place des Fontaines amoureuses à Gênes.

(1) L’imprudence et l’étourderie françaises amènent la mort d’une quantité étonnante de pauvres diables sur ce chemin de fer. Chaque semaine il y a des accidents. Ce serait une addition curieuse à faire.

(2) Etienne, mort à Paris le 1" janvier 1838.

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1030170 à partir de la page 204.